Budapest. Un samedi du mois de juin. Déjà près d’une dizaine de minutes que deux contrôleurs hongrois tentent de faire descendre la plateforme, un peu bringuebalante, sur laquelle je suis bloquée avec mon fauteuil roulant dans l’espoir de descendre du train. En désespoir de cause, ils ouvrent Youtube pour trouver une vidéo expliquant comment faire marcher ce fichu monte-charge… Et apparemment, on trouve vraiment de tout sur Youtube, même des démonstrations d’utilisation de monte-fauteuil de ce modèle de train hongrois vieillissant, puisque quelques minutes plus tard, me voilà de nouveau, saine et sauve, sur le goudron ferme du quai de gare.
Ce jour-là, je pense qu’on a atteint un summum ! Mais si ce n’est pas aussi extravagant à chaque fois, voyager est toujours un défi et peut parfois se transformer en parcours du combattant, malgré une bonne préparation en amont. C’est dans ces moments-là que l’on mesure le plus ce qui est accessible ou surtout ce qui ne l’est pas. Quand je suis assise derrière mon bureau, que je sois en fauteuil roulant ou pas, cela ne change finalement pas grand-chose…Mais quand je voyage, le fauteuil roulant fait toute la différence.
Réserver son voyage (sans oublier l’assistance)
Cela commence dès la réservation. Que ce soit pour le train ou l’avion, il faut réserver un service d’assistance pour fauteuil roulant, gratuit, bien pratique, mais au moins 48 heures à l’avance (ca complique pour les urgences…) et dont on n’aurait finalement pas besoin si les trains et les avions étaient accessibles en fauteuil roulant. Pour les trains, j’ai de l’espoir, pour avoir vu certains trains en Autriche où c’était le cas. Mais pour l’avion, le service d’assistance ne sera sûrement pas superflu demain la veille, étant donné que ce sont eux qui descendent le fauteuil de la porte de l’avion sur le tarmac pour qu’il soit ensuite mis en soute…Mais qui sait, peut-être pourra-t-on un jour prendre l’avion, comme on prend le train, en restant assis dans son fauteuil roulant. Même si lorsque l’on prend le train, on peut aussi s’asseoir dans un siège. Plus agréable pour un trajet d’une certaine durée.
Réserver un hébergement (idéalement, accessible)
Voyager lorsque l’on part en vacances, c’est aussi trouver un hébergement accessible. Parfois plus compliqué qu’on n’aurait pensé.
Déjà les sites de recherche de logement ne proposent pas toujours des critères adaptés. Si Booking.com a eu l’intelligence de définir des critères assez généraux comme « ascenseur » et « logement au rez-de-chaussée », ceux de Airbnb sont très (trop) spécifiques (largeur des portes, siège de douche), mais en oubliant les plus basiques comme « ascenseur ». Or, finalement, quel intérêt pour l’intérieur d’un logement d’être complètement accessible, s’il se trouve au troisième étage sans ascenseur ?
Il faut encore que les critères des plateformes soient aussi bien sélectionnées par les propriétaires des logements. On revient à Budapest : Le logement soi-disant accessible en fauteuil roulant – et j’avais pris la peine de vérifier avant que ce fût bien le cas – avait 5-6 marches à l’entrée avant de parvenir à un ascenseur qui, ce jour-là, manque de chance, ne marchait pas. Mais même si cela avait été le cas, 5-6 marches et fauteuil roulant ne font pas bon ménage. J’ai la chance de pouvoir me lever du fauteuil et de marcher un peu, mais par essence, ce n’est pas le cas de tous les utilisateurs de fauteuil roulant.
A ce stade-là, quelques mois ou quelques semaines avant de partir, on se dit que ça ira, puisqu’on a tout planifié. On a même vérifié quels musées étaient accessibles, comment on ferait pour y aller, si les transports en commun seraient accessibles, etc. Mais comme chacun sait, cela ne suffit pas toujours…
Photo de Clay Banks sur Unsplash
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Chère Clothilde,
Oui, ce n’est pas facile…Il y a quelque part, une faille dans le système: les services d’assistance comme l’ingénierie des moyens de transport sont loin d’être au point. Je l’ai déjà constaté bien des fois. Le monde est fait de plus en plus pour les gens pressés, sportifs ou momentanément en haute forme, parce qu’ils sont censés représenter la réussite commerciale et financière, valeur générale d’une société mercantile et superficielle…
Je t’embrasse,
Elisabeth Colin