La semaine se termine. Je prends un instant pour me poser, relire la semaine, faire le point sur comment ça va et voir ce que j’avais planifié, ce que j’ai fait ou n’ai pas fait, ce que j’aurais aimé faire. Dans les phases où cela va moins bien, il y a souvent beaucoup de choses que j’aurais aimées faire, mais que je n’ai pas faites. C’est assez frustrant, surtout que je suis plutôt du genre à vouloir faire beaucoup de choses. Cependant, en début de maladie, je prévoyais de longues to-do lists, sans discerner pourquoi je voulais faire ces choses-là. Mais avec le temps, j’ai appris que savoir fixer ses priorités est essentiel lorsque l’on a une maladie chronique. En effet, cela permet de choisir consciemment comment on utilise le peu d’énergie qu’on a à disposition.
Distinguer l’imposé du choisi
Les priorités dans notre vie sont à la fois imposées et choisies.
1. Ce qui est imposéLe monde extérieur nous prescrit constamment des priorités : rendus à l’école ou à la fac, échéances professionnelles, démarches administratives, etc. Il y a aussi ce qui est dicté par la maladie : rendez-vous de médecins, autres dossiers administratifs, hospitalisations, etc. Autant de contraintes supplémentaires qui sont souvent nombreuses et fatigantes. La liste peut vite devenir longue.
Il va de soi que in fine, on choisit aussi de faire ce qui nous est imposé. On pourrait très bien se dire qu’on laisse tomber et qu’on ne fait rien. Mais ce n’est pas forcément une solution très viable si on veut faire des études, travailler, prendre soin d’une santé déjà un peu défaillante, etc.
Dans les contraintes imposées, je pense qu’il est important de faire le point sur savoir si :
- On a vraiment besoin de tout faire ;
- Quelqu’un pourrait peut-être nous aider dans la réalisation de certaines tâches ;
- On peut faciliter la tâche d’une manière ou d’une autre, par exemple en se faisant livrer les courses alimentaires plutôt que d’aller les faire soi-même (oui, oui, c’est un point de vue personnel, mais pour moi, les course alimentaires relèvent plus de la contrainte que du choix).
Toutefois, il ne faut pas oublier de choisir ses priorités, ce qui est important pour soi. Personne d’autre ne pourra le décider à notre place, ou alors ce ne sera pas vraiment choisi, mais une nouvelle fois imposé, même sous couvert de bonnes intentions. Je pense que si on ne réalise que des tâches imposées, arrive un moment où on sature parce qu’on n’a jamais l’impression de vraiment déterminer ce que l’on fait. Emerge alors un sentiment d’être en permanence dans le « il faut, je dois », et jamais dans le « je veux ».
Choisir ses priorités
C’est une chose de vouloir se choisir des priorités, c’en est une autre que de le faire vraiment. En effet, lorsque l’on a une maladie chronique, il faut tenir compte du fait qu’on a globalement peu d’énergie à disposition, et plus ou moins en fonction de la phase dans laquelle on se trouve.
Pour choisir mes priorités, je me pose donc les questions suivantes :
- Quels sont mes objectifs ? Qu’est-ce que je ne veux pas regretter ? Qu’est-ce que j’aurais l’impression d’avoir raté si je ne le fais pas ?
- Qu’est-ce qui est vraiment important pour moi en ce moment ? Pourquoi ? En quoi cela sert-il mes objectifs? Est-ce que ce sera encore important dans 1 an, 5 ans, 10 ans ? Si non, cela vaut-il la peine de le faire?
- Combien d’énergie ai-je à ma disposition en ce moment ?
- Est-ce une priorité en ce moment, ou quelque chose que j’aimerais bien faire et qui pourra être une priorité quand cela ira mieux ?
Une fois que j’ai décidé ce qui était essentiel à cet instant, je peux hiérarchiser mes priorités en fonction de mon niveau de fatigue.
Hiérarchiser ses priorités
Une fois que je connais mes priorités, je peux les classer par ordre d’importance et d’urgence. Personnellement, j’utilise Evernote pour m’organiser, je trouve cela très pratique avec un système de carnets et d’étiquettes pour classer les notes. Je veille à ne pas prévoir trop de choses sur ma to-do list, sinon, c’est certain que je n’y arriverai pas et je sais que cela m’agacera.
Hiérarchiser ses priorités, c’est aussi se demander ce qu’on fera sauter en premier si cela va moins bien. Lorsque le matin en me réveillant, je me rends compte que cela va être une journée plus difficile à cause de ma forme physique, je réajuste mes priorités pour la journée et je change ma to-do list. Mais j’essaye toujours de faire au moins une chose dans la journée, même quand cela ne va pas bien, pour avoir l’impression de ne pas l’avoir perdue.
Le choix intervient donc à plusieurs reprises lorsque l’on fixe ses priorités : en choisissant de faire ce qui nous est imposé, en choisissant ses priorités personnelles et en les hiérarchisant. Décider de faire de sa santé une priorité lorsque l’on a une maladie chronique peut aussi devenir un choix, même s’il était initialement imposé. Je pense que cela fait partie du chemin d’acceptation de la maladie que de choisir de prendre soin de soi et d’en faire une priorité.
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